[FR] Transcriptions des vidéos

Bonjour, je m’appelle Daniela Huber et je suis responsable du Programme pour la Méditerranée, le Moyen-Orient et l’Afrique à l’Institut Affari Internazionali de Rome.

Dans cette courte vidéo, j’illustre ma contribution au dernier rapport Anna Lindh sur les tendances interculturelles, dans laquelle je me suis concentrée sur le côté social de la coopération euro-méditerranéenne et notamment sur la confiance sociale au sein et entre les sociétés.

Alors pourquoi ce sujet, pourquoi la confiance sociale ?

La confiance sociale est le ciment qui maintient les sociétés ensemble. Mais au fil des dernières années, on a constaté une tendance à la polarisation au sein des sociétés et entre elles sur toutes les rives de la Méditerranée.

En Europe, la polarisation a été alimentée par la montée des mouvements populistes nationalistes ethnocentriques, qui se fondent sur des identités d’exclusion. 

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la polarisation a affecté aussi la mobilisation des identités politiques, ethniques ou religieuses par divers acteurs à des fins politiques. Cette polarisation globale sape la confiance sociale et pourrait également affecter la confiance entre les sociétés, car elle renforce les frontières entre soi et l’autre et non pas le dialogue.

En même temps, cependant, nous observons également une tendance opposée dans les deux régions, à savoir, les nouveaux mouvements sociaux et le renforcement des communautés. Dans la région arabe, les soulèvements en cours sont l’exemple d’une imagination socialement politique et économiquement englobante, d’un nouvel avenir vers l’autodétermination, l’égalité des droits et la construction d’un Etat inclusif.

 En Europe aussi, de nouveaux mouvements sociaux tels que Friday's for future, Me too, ou les mouvements décoloniaux imaginent un avenir partagé et inclusif fondé sur l’égalité des droits et sur une justice économique et environnementale.

Ces mouvements ont le potentiel d’instaurer une confiance généralisée au sein des sociétés et entre elles. Cependant, actuellement, il n’est pas clair quelle tendance pourrait prévaloir, j'ai donc analysé les données du dernier tour du travail d’Anna Lindh en 2020.

Il faut mettre en lumière plusieurs facteurs au niveau de confiance sociale. Examinons d’abord la confiance sociale au sein des sociétés, bien qu’il soit difficile de mesurer la confiance sociale par des paramètres concrets. Les données d’Anna Lindh sur les perceptions de la diversité religieuse et culturelle offrent une approximation. En général, les données montrent de nombreuses raisons pour être optimistes. Des majorités importantes et croissantes dans presque tous les pays étudiés considèrent la diversité comme importante pour la prospérité de leur société, elles ne la perçoivent pas comme une menace pour la stabilité de la société et conviennent que les minorités devraient avoir les mêmes droits et opportunités dans leur société.

En outre, lorsque l’on passe des sociétés à l’instauration de la confiance par le biais de la coopération méditerranéenne, les données montrent des attitudes positives à l’égard de cette coopération sur toutes les rives de la Méditerranée, les pays du sud et de l’est de la Méditerranée étant plus positifs à l’égard de cette coopération que les pays européens. 

Les quatre domaines de coopération les plus importants sont l’éducation et la formation, la croissance économique et l’emploi, la durabilité environnementale et la reconnaissance de la diversité culturelle. Concernant les obstacles aux rencontres interculturelles, tant les pays du sud et de l’est de la Méditerranée que les pays européens affirment que la langue est la barrière principale. 

D’après les pays du sud-est de la Méditerranée, ce sont surtout les difficultés concernant les visas et les barrières économiques qui comptent, mais pour les pays européens, ce sont les nombreuses contraintes socioculturelles et les tensions et conflits culturels tout au cours de l’histoire qui sont perçus comme des obstacles. Par conséquent, si les données analysées indiquent qu’il y a plus de raisons d’espérer que de s’inquiéter, il reste encore de grands obstacles à surmonter. Le dialogue interculturel reste crucial, notamment aussi pour les Européens, qui semblent percevoir des contraintes plus importantes que le sud. 

Pour les 7 pays du sud sondés, les obstacles liés aux visas et les barrières économiques aux rencontres interculturelles sont très préoccupants. Ceci est corroboré par d’autres études, qui ont montré qu’en raison des politiques européennes en matière de migration et de visas et d’une énorme disparité économique entre l’Europe et le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, la Méditerranée est de plus en plus perçue comme un espace de division, de disparité et de séparation dans les pays du sud et de l’est de la Méditerranée. 

Et ces barrières bien réelles doivent nécessairement être combattues, si nous voulons que le dialogue interculturel existe réellement.